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Pesticides et leurs métabolites dans l’eau potable ?

Alerte Réglementation Syndicat Eau du Bassin Caennais Publié le 1 juillet 2023

Mise à jour juillet 2024.

La situation sur le territoire d’Eau du bassin caennais.

  • Qu’est-ce qu’un pesticide ?

Le terme « pesticide » désigne les molécules actives ou les préparations utilisées pour la prévention, le contrôle ou l’élimination d’organismes indésirables, qu’il s’agisse de plantes (herbicides), d’animaux (insectes, acariens, mollusques, etc.), de champignons (fongicides) ou de bactéries. Il existe plus d’un millier de substances actives de pesticides.

  • Qu’est-ce qu’un métabolite de pesticide ?

Un métabolite de pesticide est un sous-produit de pesticide ou en d’autres termes un produit de dégradation ou de transformation de pesticide.

  • Comment puis-je connaître la qualité de l’eau du robinet ?

Les résultats des analyses réalisées sur l’eau du robinet sont affichés à la mairie de votre lieu de résidence et sont disponibles sur le site de l’Agence Régionale de Santé de Normandie

Résultats des analyses du contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine

  • Quels sont les nouveaux pesticides évoqués dans les médias ?

Les nouveaux pesticides évoqués dans l’actualité sont des métabolites. Il s’agit notamment des métabolites de la chloridazone et du chlorothalonil.

En savoir plus sur les métabolites de la chloridazone
La chloridazone est un herbicide utilisé pour la culture de la betterave, dont l’utilisation est interdite depuis fin 2020. Cet herbicide se décompose en desphényl-chloridazone et en méthyl-desphényl chloridazone.

En savoir plus sur les métabolites du chlorothalonil
Le chlorothalonil est un fongicide utilisé sur les cultures de céréales, la vigne et certains tubercules, comme la betterave et la pomme de terre dont l’utilisation est interdite depuis mai 2020. Ce fongicide se décompose en plusieurs métabolites, à savoir R471811, le R417888 et 4-hydroxychlorothalonil.

  • Eau du bassin caennais est-il concerné par ces pesticides ?

Ces nouveaux métabolites de pesticides sont recherchés dans les eaux destinées à la consommation humaine à travers le programme sanitaire de l’Agence Régionale de la Santé (c’est-à-dire l’eau du robinet) depuis février 2022 pour les métabolites de la chloridazone et depuis octobre 2023 pour les métabolites du chlorothalonil. On retrouve ces métabolites de pesticides sur l’ensemble du territoire d’Eau du bassin caennais.

  • A quels niveaux la chloridazone et le chlorothalonil sont-ils mesurés sur le territoire d’Eau du bassin caennais ?

Si on ne retrouve pas la chloridazone ou le chlorothalonil dans l’eau distribuée, on retrouve leurs produits de dégradation (les métabolites) sur une partie du territoire à des valeurs dépassant la limite de qualité (0,1 µg/L).

  • Pourquoi la limite de qualité a-t-elle été établie à 0,1 µg/L ?

La limite réglementaire de qualité de 0,1 μg/l a été fixée par la directive européenne du 15 juillet 1980, relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine, et correspond au seuil de détection des méthodes d’analyses disponibles pour les pesticides recherchés à cette époque.

  •  Depuis combien de temps je consomme ce (ces) substance (s) ?

La chloridazone est un herbicide qui a été utilisé essentiellement pour le désherbage de la betterave industrielle dans les années 80 et dont l’utilisation est interdite depuis 2020. Le chlorothalonil est un fongicide utilisé sur les cultures de céréales et certains tubercules depuis les années 70 dont l’utilisation est également interdite depuis 2020.

  • L’utilisation de ces produits étant interdite, pourquoi les retrouve-t-on encore dans l’eau ?

L’utilisation de ces pesticides est effectivement interdite depuis 2020. Les métabolites peuvent toutefois persister dans le sol ou dans l’eau, pendant des années. A titre d’exemple, des traces des métabolites de l’atrazine, herbicide interdit depuis bientôt 20 ans, sont toujours détectées…

  • Quels sont les pesticides et métabolites analysés dans l’eau potable par l’ARS Normandie ?

La liste des pesticides et métabolites a été mise à jour et unifiée pour la région Normandie. Elle tient compte des activités et pratiques agricoles locales, celle-ci peut être consultable sur le site internet de l’ARS

Eau potable et pesticides – Foire aux questions – ARS – octobre 2023

  • Quel est l’impact de ces substances sur la santé humaine ?

L’impact de ces substances sur la santé humaine est en cours d’étude par l’ANSES dont les conclusions permettront de définir la valeur maximale de celles-ci dans l’eau. En attendant, il revient à l’Agence Régionale de Santé de fixer ou non les restrictions d’usage relatives à l’utilisation de l’eau du robinet. A ce jour, aucune restriction n’a été mise en place sur le territoire d’Eau du bassin caennais.

  • Conclusion sanitaire sur le métabolite R471811 du chlorothalonil – avril 2024

Les expertises scientifiques nationales ont permis de classer le métabolite R471811 comme non pertinent, vis-à-vis des risques pour la santé et la consommation d’eau du robinet, en avril 2024*.
Par conséquent, une valeur indicative de 0,9 µg/L est fixée, correspondant à une valeur cible de précaution à atteindre dans la mesure du possible. Il n’y a pas de restriction de consommation en cas de dépassement de la valeur indicative.
Un suivi spécifique est en place et des actions destinées à améliorer la qualité de l’eau ont été engagées par la collectivité. L’eau est de bonne qualité pour les autres paramètres.

Elle peut être consommée par tous.

*AVIS de l’Anses relatif à l’examen du classement de la pertinence pour le métabolite R417888 du chlorothalonil et au réexamen du classement de la pertinence pour le métabolite R471811 du chlorothalonil dans les eaux destinées à la consommation humaine

  • Qu’est-ce que la limite de qualité de l’eau du robinet pour les pesticides ?

La limite de qualité correspond à la limite réglementaire défini par l’arrêté ministériel modifié du 11 janvier 2007. Lorsque ce seuil est dépassé, cela signifie que la qualité de l’eau distribuée au robinet se dégrade. La limite de qualité de l’eau pour les pesticides ne constitue en aucun cas un seuil de risque pour la santé des consommateurs car elle n’est pas élaborée sur la base de la toxicité des substances.

Pour les substances actives des pesticides et leurs métabolites pertinents, la limite de qualité est fixée à 0,1 µg/L par substance individuelle.

Pour tenir compte de la présence simultanée des pesticides dans l’échantillon, la limite de qualité est fixée à 0,5 µg/L pour la somme des concentrations de tous les pesticides et des métabolites pertinents.

  •  Qu’est-ce qu’un métabolite pertinent ?

D’après l’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire) un métabolite de pesticide est jugé pertinent pour les eaux destinées à la consommation humaine s’il y a lieu de considérer qu’il pourrait engendrer (lui-même ou ses produits de transformation) un risque sanitaire inacceptable pour le consommateur.

  •  Quelle est la différence entre limite de qualité et valeur sanitaire ?

La limite de qualité est un indicateur de la dégradation de la qualité de la ressource en eau et a pour objectif de réduire la présence de ces composés au plus bas niveau de concentration possible. Cette limite de qualité est par conséquent inférieure à la valeur sanitaire.

La valeur sanitaire correspond à la valeur à partir de laquelle un risque sanitaire peut exister pour le consommateur. Celle-ci est définie par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) ou est recommandée par le haut conseil de la santé publique.

  •  Que se passe-t-il lorsque la limite de qualité est dépassée ?

Lorsque la concentration en pesticide est supérieure à la limite de qualité mais inférieure à la valeur sanitaire, l’eau ne présente pas de risque pour la santé du consommateur ; aucune restriction d’usage de l’eau n’est prononcée. Des actions correctives sont toutefois mises en œuvre par la collectivité en charge de la production et de la distribution de l’eau : protection accrue de la ressource, interconnexions entre différentes ressources d’eaux brutes, dilution, traitement renforcé de l’eau distribuée.

  •  Dois-je continuer de payer ma facture d’eau pour une eau de qualité insuffisante ?

En tant que responsable de la production et de la distribution de l’eau, le syndicat Eau du bassin caennais doit procéder à des investissements significatifs pour reconquérir la qualité de l’eau dégradée par la présence de pesticides. Ces investissements ne peuvent être financés que par la facture d’eau.

  • Quelle est la part des pesticides et métabolites dans l’eau du robinet ?

Selon l’OMS et l’ANSES, l’alimentation est la principale source d’exposition aux pesticides. La contribution moyenne de l’eau potable à l’exposition alimentaire totale est toutefois limitée et inférieure à 5% pour la très grande majorité des pesticides. La majeure partie des apports en pesticides par l’alimentation ne provient pas de l’eau mais surtout de la consommation de fruits, de légumes, de céréales, etc…

L’eau potable est la composante de l’alimentation la plus contrôlée.

  • Quelles sont les actions déjà mises en place par Eau du bassin caennais ?

Dès qu’Eau du bassin caennais a eu connaissance de l’existence de ces métabolites, des mesures ont été effectuées sur l’ensemble de ses ressources, avant même que ces métabolites ne fassent partie du programme d’analyses sanitaires. En complément des analyses effectuées dans le cadre du programme sanitaire, un renforcement des analyses avec un suivi mensuel est effectué.

A court terme, l’acquisition de données sur les teneurs en pesticides et leurs métabolites permet si besoin et sous réserve de possibilité technique, de modifier les modalités d’alimentation en eau d’une partie du territoire. A moyen terme, des solutions de traitement, notamment à l’aide de charbon actif, sont étudiées. Sur le plus long terme, cela montre la nécessité de poursuivre et d’intensifier le travail sur la protection qualitative de la ressource en amont, avec l’ensemble des acteurs du territoire. Des programmes d’actions ont déjà été mis en place sur plusieurs aires d’alimentation de captages, en partenariat notamment avec la Chambre d’Agriculture

Mise à jour : Octobre 2023

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